Les 12 et 13 mars 2022, s’est tenu au gymnase d’Agneaux près de Saint-Lô (Manche) le stage validant de printemps, dirigé par Jean-François Decatra sensei (renshi 5eme Dan - enseignant à l’Association Kyudo Etoile) et organisé par le club local et sa présidente Elisabeth Lemière qui fit office de maître de cérémonie.
Après 2 années de Covid-19 ces retrouvailles furent bienvenues, heureuses, conviviales, laborieuses et très enthousiasmantes avec 14 participants de 6 dojos différents dont la moyenne d’âge de 64 ans fit dire à Jean-François que c’était son premier « stage senior ». Il apprécia tout au long des ateliers le tonus et le sérieux des participants qui retrouvaient le plaisir de se rencontrer à nouveau, de travailler et d’apprendre ensemble. Jean-François avait précisé à l’avance par mail que celles et ceux qui avaient déjà une pratique régulière du wafuku (kimono) pouvaient le porter, pendant tout ou partie du stage, et ce indépendamment de leur grade.
Après le salut de bienvenue, la première journée débuta à 14h par un tir de cérémonie yawatashi exécuté par Jean François Decatra sensei servis par 2 assistants (kaizoe) Yves Guezet (5ème dan) et Christian Guienne (4ème dan).
Le stage qui suivit commença par un tir formel des postulants organisés en 3 tachi , en rythme d’examen, et l’atelier de ce samedi fut essentiellement consacré à se remémorer, revoir, améliorer et parfaire dans la mesure des possibilités de chaque participant les entrées, les formes de saluts, les marches, les virages, les alignements, les postures et les sorties en se souciant de l’étiquette et des règles. La révision des formes des postures et des mouvements de base fut ainsi pour beaucoup l’occasion de s’apercevoir que même ce qui paraît simple et acquis n’est pas forcément bien exécuté dans la forme, l’harmonie et la beauté. Tous apprécièrent ce retour aux fondamentaux de base. On retiendra aussi de cette première journée parmi d’autres corrections pendant les tirs individuels, le maintien de ikasu, l’élévation du coude droit au moment de uchiokoshi et daisan qui doit rester « bien droit dans son rail » et le maintien de la souplesse de l’avant-bras et de la main droite à hikiwake et en kai afin de garantir un lâcher naturel (hanare). L’image de la neige s’accumulant sur la feuille de bambou jusqu’au moment où elle glisse d’un coup représente parfaitement cet instant de libération qui se prolonge au zanshin.
Tous se retrouvèrent à 19h pour un repas convivial dans un restaurant chinois situé près de la Vire offrant des mets aussi divers que savoureux.
Le dimanche matin débuta, à la surprise des exécutants sélectionnés par le sensei pour l’occasion sans y avoir été préparés, par un tir de cérémonie mochi mato za sharei à 5 participants. Cette « épreuve » qui demanda à l’évidence de la part de ceux-ci un self control et une prise sur soi, fut en tous points exécutée remarquablement avec grâce, harmonie et beauté malgré la difficulté du défi à relever. Leur prestation fut appréciée et remerciée par les compliments du sensei et les applaudissements des spectateurs.
Les ateliers qui suivirent tout au long de la journée furent consacrés, outre les corrections individuelles, aux incidents de tir, à la visée et aux placements et rythmes à observer lors des taikai.
Concernant les incidents de tir (shitsu) notamment quand haya tombe (hazukobore), il est à noter qu’il n’est pas fréquent au cours des stages d’étudier et d’exécuter correctement tous les gestes et postures qui, soit au cours d’entrainements, de tournois ou d’examens peuvent survenir. En aucun cas ils ne doivent perturber plus que nécessaire le bon déroulement. C’est pourquoi leur maîtrise, l’efficacité, la rapidité d’exécution, doivent pouvoir être effectuées avec une attitude pleine de sérénité et de respect.
Pour la visée (nerai), un atelier composé de 3 personnes (le tireur et 2 assistants observateurs) permit d’aider l’exécutant à ajuster la position de la pointe de la flèche vers la cible et lui permettre ainsi de repérer et de mémoriser la position de la cible (de la lune ou de la demi-lune selon) sur son arc, celle-ci variant avec le physique et l’œil directeur de la personne.
Pour les rythmes et positions lors de tournois (taikai), tous les participants furent invités à observer et expérimenter les différents rythmes et règles qui régentent chacun d’entre eux selon qu’il y a une ou plusieurs cibles et/ou peu ou beaucoup de participants. Chacun muni de 4 flèches eut ainsi l’occasion de se confronter à ce type d’épreuve qui demande beaucoup de rigueur et de discipline.
La fin de journée s’acheva par un tir libre suivi d’un tir formel de clôture (shiage gyôsha) afin de vérifier si les acquis des 2 jours avaient été bien assimilés.
Après le salut traditionnel de fin de stage, Elisabeth remercia vivement Jean-François Decatra sensei pour toute sa disponibilité et son enseignement très complet afin de nous faire progresser et de continuer à aimer le kyûdô et ses vertus.
Jean-Claude Chatain (AKI)
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